« Depuis 30 ans, ça se passe comme ça ici, tous les dimanches. Depuis 30 ans ! Ce n’est pas un spectacle. Un spectacle dure une voire deux années tout au plus. Si les gens viennent ici tous les dimanches depuis 30 ans, c’est qu’ils ont la foi ! »

 

C’est avec ces mots que le Père Pedro s’est adressé à nous, les quelques dizaines de Vasaha présents ce matin pour assister à sa messe dominicale. Quelques dizaines parmi plusieurs milliers de personnes. Nous sommes à Akamasoa, la Cité de l’Espérance. Cette ville dans la ville se situe dans les hauts de Tana. Depuis 30 ans, le Père Pedro a construit des centaines de maisons, a recueillis des milliers de familles et a scolarisés des dizaines de milliers d’enfants afin de leur donner un avenir, ici à Antananarive. Le Père Pedro est une légende vivante. Il sait encenser la foule, il sait utiliser les mots pour que tout le monde croie en la vie, de quelque manière qu’elle se présente à nous, ou que nous soyons nés, ou que nous vivions. Un charisme et un leadership hors norme !

On va à la messe ? OK on va à la messe… C’est sans grosse conviction que j’ai accompagné Vérène, Jocelyne et Coco ce matin… On verra bien. Arrivés sur place, nous sommes attendus (Coco avait annoncé Madagascoeur et nous avons livrés nos derniers cartons sur place le jour précédent). Nous avançons avec notre « guide » dans les travées de cette salle de sport qui sert d’Eglise. Le bruit de la foule et les chants se font entendre de plus en plus fort. Des chants, des prières, encore des chants, encore des prières, de 08h30 à 11h15, non-stop. Est-ce que j’en ai eu marre à un moment donné ? Aucunement. Il y avait bien plus d’ambiance que dans beaucoup de matchs de hockey auxquels j’ai assisté ces dernières années. Du bonheur à l’état pur !

En tant que petit Suisse avec mes « soucis » quotidiens, j’ai de quoi remonter ce soir dans l’avion en me posant milles questions (de plus). Une me turlupine particulièrement l’esprit : Le Père Pedro nous a demandé : « Avec 1.- euro par jour pour (sur)vivre, pensez-vous que les malgaches sont moins heureux que vous ? ». Peut-être que moi et mes millions de compatriotes connaissons tous la réponse… Mais nous y répondons tous en commençant notre justification par « Oui mais… »

Thierry Flückiger